Kévin Sadoudi et Benoit Durand, disqualifiés malgré leur victoire à Dolo : Un geste de solidarité mal interprété

Photo : Mathias Prigent


Kévin Sadoudi et Benoit Durand, deux amis et coureurs passionnés, ont récemment disputé la course de Dolo en Bretagne (Open 2). Alors qu'ils franchissaient la ligne d'arrivée en tête, leur joie a été de courte durée : ils ont été disqualifiés au profit de Simon Haquin, troisième à l’arrivée, une décision qui a laissé tout le monde stupéfait. Kévin Sadoudi, l’un des protagonistes, raconte sa mésaventure.

 

"Nous sommes sortis au deuxième tour, après 5 km de course, et pendant 1h30, nous avons bataillé contre le peloton avant de vraiment creuser l’écart", explique-t-il. "Ce n’est que dans les trois derniers tours que nous avons compris que c’était gagné. À ce moment-là, j’ai dit à Benoit : 'C’est toi qui gagnes, on finit ensemble, moi j’ai déjà gagné ici.' On a roulé ensemble, on a bossé ensemble."

 

Kévin revient également sur une discussion qu'il avait eue avec ses deux amis, Benoit et Pierre, avant la course. "Le samedi, on en rigolait. Je leur ai dit : 'Si on arrive tous les trois, je vous laisse gagner.'"

 

Ce n’est pas la première fois que Kévin participe à une course à Dolo. "En 2018, après 2-3 années de VTT, je suis revenu à la compétition sur route, et ma première course était justement à Dolo. On avait terminé à trois du Pignon Cycle Klub. Et les deux gars avec moi, ce n’étaient autres que mes patrons actuels, Eric Pommelet et Renan Goude. À l’époque, ils m’avaient laissé passer la ligne en premier. C’était un moment inoubliable."

 

Après la course, alors que Kévin et Benoit se rendaient au podium pour le protocole, l’ambiance a soudainement changé. "Le speaker a commencé à nous parler un peu fort : 'C’est n’importe quoi, vous manquez de respect aux organisateurs et aux spectateurs.' Un autre dirigeant de club a ajouté : 'Vous montrez le mauvais exemple aux jeunes, c’est dommage après la course que vous avez faite.'"

 

C’est alors qu’on leur annonce que le président du jury est en train de prendre une décision. "On a discuté calmement avec les commissaires et leur avons expliqué notre version. Et là, le speaker annonce que le troisième de la course est le vainqueur. Surprise pour tout le monde, le troisième se retrouve interviewé sur sa victoire, gêné, le pauvre", raconte Kévin.

 

"Moi, j’étais avec ma petite fille de 4 ans sur le podium, et j’ai essayé de rester calme. J’ai passé mon diplôme d’arbitre régional l’an dernier, et j’ai du respect pour eux. Si les commissaires ne sont pas là, il n’y a plus de course. Mais tout comme les coureurs et les organisateurs, ils font partie d’un écosystème."

 

Kévin et Benoit, très calmes, ont compris que rien ne changerait. "J’ai couru pendant 10 ans en première catégorie, j’ai fait des centaines de courses, et je n’ai jamais vu ça. On a montré une belle image de solidarité entre collègues, et nos familles, nos amis, nos patrons en sont fiers. Cela ne change rien pour nous."

 

Mais Kévin souligne un point important pour lui : "Mais pour les gamins présents, les miens, les autres, qu'est-ce que ça montre ? Pourquoi je ne vais pas sur le podium avec papa ? me dit ma petite, va lui faire comprendre." Un geste de solidarité, mal interprété, qui laisse un goût amer dans la bouche de Kévin, mais aussi dans celui de nombreux spectateurs et coureurs présents à Dolo ce jour-là.

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