Quand Marion Rousse s’est levée pour prendre la parole au siège de l’UCI à Aigle début juin, c’était un moment historique. La directrice du Tour de France Femmes dévoilait les dates 2026 du grand départ, désormais un événement entièrement autonome, preuve éclatante de la croissance fulgurante du cyclisme féminin.
Un Tour de France Femmes désormais indépendant
En 2026, la course ne sera plus calquée sur le Tour masculin, ni sur les Jeux Olympiques ou un autre événement. Le Tour de France Femmes deviendra une compétition à part entière, libérée de l’ombre du peloton masculin, un accomplissement en seulement quatre ans. Durant cette période, sponsors, diffuseurs et le public sportif ont pleinement adopté la course féminine.
Marion Rousse, radieuse, expliquait :
« Nous n’avons plus besoin des hommes pour exister. En 2024, les Femmes l’ont prouvé. Le public attend maintenant de nous voir. »
Le Grand Départ 2026 se fera à Lausanne (Suisse), dès le 1er août, soit une semaine après la fin du Tour masculin.
Une ex-coureuse à la tête d’une révolution
Marion Rousse n’est pas une inconnue du peloton. Ancienne cycliste professionnelle (2010-2015), elle a notamment remporté le titre national sur route en 2012 et évolué chez Lotto-Soudal. À son époque, le cyclisme féminin était une discipline où la passion primait sur l’argent, souvent absent. Elle a mis fin à sa carrière en 2015.
Aujourd’hui, elle est une directrice de course respectée, déterminée et assurée, dans un sport encore largement dominé par les hommes.
Une croissance rapide, parfois vertigineuse
« Le Tour grandit presque trop vite, » confie Rousse.
Lors de la première édition, elle nourrissait encore des doutes : « Est-ce que cela marcherait ? Le public serait-il au rendez-vous ? »
Aujourd’hui, elle ne doute plus : « Les gens nous ont adoptées et nous sommes désormais un rendez-vous sportif incontournable. Les nouvelles dates indépendantes le prouvent. »
Le final historique de 2024 à l’Alpe d’Huez
Le Tour Femmes 2024 a offert l’une des fins de course les plus palpitantes de l’année, avec la plus courte différence jamais vue dans l’histoire du Tour : seulement 4 secondes.
Le duel final opposait Demi Vollering (SD-Worx) à Kasia Niewiadoma (Canyon-Sram). Sur l’Alpe d’Huez, le suspense était total, et Rousse, placée dans la voiture de course juste derrière la leader, n’a cessé de changer d’avis sur l’identité de la future vainqueure.
« Ce fut incroyable, historique, » raconte-t-elle, encore émerveillée par la scène. « On n’avait jamais eu un écart aussi réduit en tête, et avec une arrivée aussi mythique. »
Cette étape dantesque a brisé les vieux clichés de La Course, l’ancienne épreuve féminine souvent considérée comme un simple appendice du Tour masculin.
Face au sexisme, une femme forte et combative
Si elle est parfois réduite par les médias français à la compagne glamour de Julian Alaphilippe, Marion Rousse ne se laisse pas intimider par les critiques ou le sexisme, parfois virulent, dont elle a été victime.
Elle a publiquement dénoncé les attaques personnelles, notamment celles de Patrick Lefevere, ancien patron de l’équipe de son mari, qui avait insinué que son influence serait néfaste à la carrière de Julian. Rousse a répliqué fermement, affirmant qu’elle ne laisserait personne s’immiscer dans leur vie privée.
Le chemin vers l’égalité salariale et la reconnaissance
Rousse souligne que le cyclisme féminin doit encore combler de nombreux écarts, notamment en matière de salaires. « Notre métier doit être rémunéré à la hauteur pour permettre aux coureuses de se consacrer pleinement à la compétition. »
Elle voit dans l’autonomie du Tour Femmes une récompense de la patience des premières années et un signe de reconnaissance de l’UCI, qui a soutenu le renouveau d’une course qui n’existait plus depuis les années 1980.
Un Tour de plus en plus exigeant... mais équilibré
Le parcours 2025 comprendra des cols exigeants comme le Col de la Madeleine ou le Col de Joux Plane, mais Rousse insiste sur l’équilibre :
« Faire une course trop dure ne garantit pas le spectacle. Il faut garder le suspense et éviter de créer des écarts trop grands qui tueraient l’intérêt. »
L’attente est grande pour le Tour de France Femmes 2025
La course démarrera en Bretagne le 26 juillet, au moment où le Tour masculin entamera son dernier weekend. Le tracé emmènera les coureuses vers les Alpes pour une nouvelle conclusion spectaculaire.
« Je compte les jours. La saison est déjà pleine de belles courses, et le retour de Pauline Ferrand-Prévot ajoute un ingrédient supplémentaire pour les Français. Ça s’annonce passionnant ! »
Marion Rousse est donc la figure clé d’une révolution du cyclisme féminin, portée par une volonté d’indépendance, d’excellence sportive et d’égalité. Son travail fait désormais du Tour de France Femmes un rendez-vous incontournable, prêt à écrire une nouvelle page de l’histoire du sport.
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