Lotte Kopecky, ancienne championne du monde et figure majeure du peloton féminin, a choisi de s’exprimer ouvertement sur un sujet encore trop rarement abordé : l’impact des menstruations sur la performance des cyclistes professionnelles. Invitée du podcast Café Koers, la leader de SD Worx a déploré un tabou persistant autour de cette question pourtant centrale dans la santé des sportives.
« Je souffrais beaucoup de rétention d’eau. Si cela revient chaque mois et coïncide avec un objectif important, c’est un vrai problème », explique Kopecky. Elle invite les coureuses à mieux comprendre leur corps et à solliciter de l’aide lorsque cela est nécessaire. Selon elle, la gêne demeure forte, notamment lorsque l’entraîneur est un homme : « Entraîner des femmes implique aussi de s’intéresser à ces aspects. Cela ne devrait plus être un sujet gênant. »
Pour la Belge, la réalité vécue par de nombreuses cyclistes est encore largement sous-estimée. Plusieurs athlètes ont témoigné cette saison des difficultés physiques liées à cette période du cycle, souvent minimisées par le grand public.
Ce débat s’inscrit dans un contexte plus large où la santé féminine occupe une place croissante dans le cyclisme. L’Américaine Veronica Ewers (EF Education–Oatly) a récemment annoncé faire une pause en 2026 afin de se remettre du RED-S, un déficit énergétique relatif aux conséquences sévères sur la santé hormonale, la densité osseuse et les performances. Dans un texte publié sur son blog, elle évoque des années de troubles alimentaires, l’absence de cycles menstruels depuis 2014 et la nécessité de se reconstruire loin du très haut niveau.
Sur les courses, les langues se délient également. Lors du dernier Tour de France Femmes, Kim Le Court a révélé avoir remporté une étape alors qu’elle avait ses règles. Une parole libérée qui contraste avec les années précédentes. Marijn de Vries, ex-professionnelle devenue journaliste, rappelle ainsi qu’il était autrefois « crucial de ne pas menstruer » tant la maigreur était encouragée.
Les mentalités évoluent néanmoins. Chez Belgian Team AG Insurance-Soudal, Justine Ghekiere confirme : « On en parle ouvertement. Des réunions spécifiques sont même organisées. »
Un signe que le cyclisme féminin avance vers une compréhension plus complète et plus saine de la performance.

Enregistrer un commentaire