Le tant attendu face-à-face entre les champions du monde Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck) et Tadej Pogačar (UAE Team Emirates-XRG) a bien eu lieu ce dimanche sur les pavés de Paris-Roubaix. Les deux hommes se sont affrontés en tête pendant près de 60 kilomètres, jusqu’à ce que Pogačar rate un virage, perde sa chaîne… et ses espoirs de victoire.
Le Slovène a tout donné pour revenir, poursuivant Van der Poel jusqu’au vélodrome de Roubaix, mais il n’a pu que féliciter son rival néerlandais pour sa troisième victoire dans l’Enfer du Nord.
« C’est un immense champion, l’un des meilleurs coureurs au monde. Courir contre lui est un véritable honneur », a déclaré Pogačar à propos de Van der Poel. « Si j’étais un enfant aujourd’hui, il serait mon idole. Le défier me donne une motivation supplémentaire. »
Pour sa toute première participation à Paris-Roubaix, Pogačar a souffert comme rarement auparavant. Il a même dû faire appel à une boisson spéciale fournie par sa voiture d’équipe pour calmer des crampes.
« On pense que c’est une course toute plate, mais en termes de puissance, c’est la plus dure que j’aie jamais faite », a-t-il reconnu à l’arrivée.
« Et puis il y a les pavés, qui mettent le corps à rude épreuve. C’était l’une des courses les plus rudes, les plus dures que j’ai vécues. Mais j’ai gagné en expérience, alors peut-être que la prochaine fois, ce ne sera pas aussi extrême. »
Le champion du monde en titre est tombé dans un virage à droite du secteur 9, à 38 km de l’arrivée, en semblant suivre une moto trop vite. Il est allé tout droit sur l’herbe, a tenté de poser un pied au sol avant de chuter. Sa chaîne est tombée, il a paniqué un instant, perdant de précieuses secondes.
Van der Poel a semblé l’attendre un court instant, puis a poursuivi son effort en solitaire. Pogačar, à bout de force, a fini par céder. Le Néerlandais s’est imposé avec 1’18 d’avance, signant une troisième victoire consécutive sur Paris-Roubaix.
« Ce que j’ai appris ? Qu’il y a un virage à droite à 38 kilomètres de l’arrivée », a ironisé Pogačar après la course.
« Quand on est à bloc et qu’il y a des motos devant qui ne tournent pas, on pense qu’il n’y a pas de virage. Mais j’aurais dû le savoir. Pas d’excuse. »
Malgré cette mésaventure, le Slovène est monté sur le podium et a ainsi réalisé l’exploit d’être classé sur les cinq Monuments du cyclisme, un exploit récent que seul Philippe Gilbert avait accompli.
Pogačar égale également Eddy Merckx en étant le seul autre vainqueur du Tour de France en titre à terminer deuxième à Roubaix, 50 ans après la performance de la légende belge, battue alors par Roger De Vlaeminck.
Interrogé sur un possible retour pour tenter de remporter l’Enfer du Nord, Pogačar n’a pas fermé la porte :
« Est-ce que je peux gagner ? Je pense que oui. J’ai terminé deuxième pour ma première participation, donc je peux me battre pour la victoire. L’an prochain ? Peut-être. Je ne sais pas encore. »
Il s’est aussi réjoui du travail collectif de son équipe, avec une belle 5e place de Florian Vermeersch :
« C’est une super course pour nous, deux coureurs dans le top 5. On reviendra l’an prochain avec encore plus de motivation. »
Van der Poel et Pogačar comptent désormais chacun huit Monuments à leur palmarès. Le Slovène repartait dès dimanche soir à Monte Carlo en jet privé, avant de s’aligner sur l’Amstel Gold Race, la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège. Van der Poel, lui, va faire une pause. Les deux hommes ne se retrouveront qu’au Tour de France, où le Néerlandais visera des étapes et Pogačar, un quatrième maillot jaune.
Leur duel printanier s’achève donc sur un équilibre parfait : deux grandes Classiques chacun. Pogačar a remporté les Strade Bianche et le Tour des Flandres ; Van der Poel s’est imposé à Milan-San Remo et à Paris-Roubaix.
« Il ne faut pas être trop gourmand. Apprécions ce qu’on a eu. Il y aura d’autres courses, d’autres rivaux, d’autres occasions », a conclu Pogačar.
Enregistrer un commentaire