Les coureurs élites sous pression au Kansas : Unbound Gravel réclame des normes, pas des formalités


Le gravel n’est plus le « cousin décalé » de la course sur route. « Je veux que ce soit juste, sûr et professionnel », déclare Lauren De Crescenzo, ancienne championne d’Unbound 200.

Unbound Gravel s’est imposé comme le plus grand rendez-vous annuel du gravel au monde, surpassant même les championnats nationaux américains ou les Mondiaux. Cette année, Lauren De Crescenzo a choisi de privilégier cette course emblématique au détriment des championnats US sur route. Une course qui ressemble désormais à une épreuve professionnelle de cyclisme sur route, avec des pneus plus larges, moins de sommeil et… des pancakes à 3h30 du matin.

Pourtant, malgré l’essor fulgurant de la discipline, l’organisation peine à suivre. La structure de la course semble toujours pensée pour des masses populaires plutôt que pour des athlètes d’élite. Et cette tension se fait sentir sur le terrain.

Une sélection élite trop lâche

La sélection des coureurs élites se fait sur dossier : les organisateurs évaluent la participation antérieure à Unbound et les résultats dans d’autres courses de gravel ou disciplines. Sur le papier, ce système paraît équitable. Mais sur le terrain, la disparité des niveaux est criante, avec un écart important de compétences, parfois dangereux. Plusieurs chutes ont eu lieu, dont celle d’Emily Newsom et de Sarah Sturm, qui a dû abandonner, incertaine d’avoir subi une commotion. Dans un sport professionnel, l’autodiagnostic des traumatismes crâniens en course est inacceptable.

Des ravitaillements chaotiques et suréquipés

Les ravitaillements ne ressemblent plus à de simples points d’appui : ils sont devenus des véritables stands de F1 avec musettes, boissons, voitures de soutien et équipes dédiées. Pour rester compétitif, il faut désormais un « team car » et un staff logistique, un luxe qui n’était pas prévu à l’origine. La concentration de coureurs élites et amateurs sur les mêmes ravitaillements provoque du désordre, et le risque d’erreurs ou d’accidents est important.

Le drafting et le chaos du peloton

Les règles anti-drafting séparant élites et amateurs sont difficiles à appliquer sur un même parcours et le même jour. L’écart de départs ne suffit pas à empêcher les groupes de se mêler, créant une situation où les élites doivent slalomer entre des cyclistes moins expérimentés, voire s’exposer à des risques inutiles. Ce mélange nuit à la sécurité et à la qualité sportive de la compétition.

Vers un gravel plus professionnel et sécurisé

Pour que le gravel continue sa croissance sans perdre son identité, Lauren De Crescenzo appelle à plus de normes et de professionnalisme, sans lourdeurs administratives inutiles. Elle propose notamment :

  • Une sélection élite stricte, sans laisser le choix aux coureurs entre élite ou amateurs.

  • La reconnaissance des écarts de niveau avec des critères d’entrée réalistes pour garantir la sécurité.

  • Des départs séparés, voire sur des journées distinctes, pour élites et amateurs.

  • La protection du départ féminin élite.

  • Des standards clairs pour le soutien en course et l’organisation des ravitaillements.

Le gravel n’est plus une discipline marginale. Il doit désormais être traité avec rigueur, pour la sécurité des coureurs et la qualité de la compétition. Il est temps de bâtir une nouvelle ère pour cette discipline passionnante, à la hauteur de ses champions.

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