À peine la ligne d’arrivée franchie lors du contre-la-montre du Tour de France, Matteo Jorgenson s’arrête au niveau des barrières à Caen, vidé, le souffle court et le regard assoiffé. Son soigneur lui tend une bouteille, puis une petite brique bleue à bouchon dévissé. Il l’avale d’un trait. Quelques instants plus tard, Jonas Vingegaard reproduit exactement le même geste.
Ces petites briques bleues que l’on voit régulièrement à la télévision, notamment chez Visma-Lease a Bike ou EF Education-EasyPost, intriguent. D’autres équipes utilisent aussi un liquide rouge foncé en bidon. Alors, qu’est-ce que c’est ?
La réponse est étonnamment simple : du jus de cerise.
Selon Matteo Jorgenson, ce n’est pas une nouveauté chez Visma :
« On l’utilise depuis longtemps. Même avant que je rejoigne l’équipe. Et je pense que ça fonctionne vraiment bien. »
Le jus provient de la marque Amacx, spécialisée en nutrition sportive, et contient un extrait de cerise acide, riche en anthocyanines — des antioxydants naturels qui aident à protéger les cellules et à réduire l’inflammation.
D’après le docteur David Hulse (EF Education), ce type d’extrait est utilisé dans le peloton depuis plus de dix ans.
Pourquoi le jus de cerise ?
« Il possède une très forte concentration en antioxydants et flavonoïdes », explique Hulse. « Cela permet à la fois de réduire l’inflammation — essentielle pour la récupération lors de courses à étapes — et de neutraliser les radicaux libres, responsables de dommages cellulaires. »
Avant, les coureurs recevaient parfois une canette de Fanta ou une boisson sucrée immédiatement après l’effort, pour profiter de la fenêtre métabolique. Aujourd’hui, les équipes comme EF ou Visma préfèrent commencer directement la récupération avec une forte dose d’antioxydants dès la ligne d’arrivée.
Les coureurs d’EF prennent deux doses par jour : une juste après l’étape et une le soir. D’autres, comme Tadej Pogačar (UAE Team Emirates), utilisent des variantes similaires, concentrées dans un bidon classique.
Et le goût, dans tout ça ?
« J’aime bien, le goût est bon », conclut Jorgenson avec le sourire.
Dans un monde où la nutrition cycliste semble parfois réduite à des potions chimiques, il suffit parfois… d’un simple jus de cerise.
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