Pour la deuxième fois en une semaine, Kim Le Court-Pienaar a enfoui son visage dans ses mains, submergée par l’émotion, mercredi lors de la 5e étape du Tour de France Femmes. Porter le maillot jaune au Tour de France, un rêve qu’elle n’avait jamais osé imaginer en grandissant à 9 000 km de là, sur une île de l’océan Indien. Pourtant, avec sa victoire d’étape à Guéret, elle l’a vécu deux fois.
Avec un sourire radieux, elle est montée sur le podium pour recevoir ses honneurs.
« Je crois que le simple fait de porter ce maillot sur mes épaules est déjà un rêve devenu réalité pour moi », confie-t-elle. « Après la troisième étape, je vivais ça comme une chance unique, et maintenant, ça arrive à nouveau. C’est incroyable. »
Un parcours hors normes
La carrière professionnelle de Kim Le Court, qui dure à peine 18 mois, est jalonnée de premières historiques. Première Mauricienne – homme ou femme – à évoluer au plus haut niveau, elle est aussi la première Africaine à remporter un Monument et, depuis dimanche, la première femme africaine à porter le maillot jaune du Tour. Et maintenant, la première à gagner une étape.
Son parcours est loin d’avoir été un long fleuve tranquille. Née à Curepipe, elle a failli perdre la vie à 3 ans, victime du paludisme en France, qui a failli la terrasser avant qu’un traitement miracle la sauve. Dès son réveil, elle enfourchait déjà un vélo dans les couloirs de l’hôpital. Un signe du destin, selon elle.
Inspirée par son frère, elle débute le vélo à 12 ans. Privée de compétitions féminines sur son île, elle courait contre les garçons avant de partir en Afrique du Sud pour se consacrer au VTT, où elle remporte plusieurs médailles continentales.
À 19 ans, elle débute sur route en Europe mais peine face à la concurrence. Elle revient alors au VTT et remporte des courses prestigieuses comme le Cape Epic. En 2023, à 27 ans, elle décide de retenter sa chance sur route. Son mari envoie des mails tardifs aux équipes – elle rejoint finalement l’équipe WorldTour AG Insurance-Soudal en 2024.
Natascha Knaven-den Ouden, manager de Kim Le Court, témoigne :
« Ce qui m’a frappée, ce n’était pas seulement ses performances, mais son intelligence de course, sa détermination et son instinct. C’est un talent rare. »
Une étoile montante et une source d’inspiration
Après ses victoires aux championnats nationaux de Maurice et au Giro d’Italia Femmes, la consécration arrive avec Liège-Bastogne-Liège, où elle devient la première Africaine à s’imposer dans un Monument.
Au Tour, elle est rapidement dans le coup, coiffant le maillot jaune dès la première étape, un exploit salué par le Premier ministre mauricien :
« Elle est une inspiration pour notre jeunesse et une immense fierté nationale. »
Avec sa récente victoire d’étape et son retour en jaune, Kim Le Court incarne désormais un symbole fort : la progression du cyclisme africain, et particulièrement féminin.
« Je veux encourager les jeunes femmes africaines à croire que tout est possible », conclut-elle. « Il y a dix ans, je finissais à peine les courses, et aujourd’hui, à 29 ans, je porte le maillot jaune. »
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