Silence radio chez Ineos : l’équipe dans la tourmente après les révélations sur un membre du staff lié à un réseau de dopage


Alors que Thymen Arensman célébrait la plus grande victoire de sa carrière sur les pentes de Superbagnères lors de la 14e étape du Tour de France 2025, l’ambiance chez Ineos Grenadiers était tout sauf festive en coulisses. Le prestigieux collectif britannique se retrouve une nouvelle fois au cœur d’une polémique liée au dopage, cette fois-ci en raison de l’implication présumée d’un membre historique du staff dans le réseau de dopage démantelé par l’opération Aderlass.

Des liens avec un vaste réseau

Le nom de l'employé n’a pas été officiellement dévoilé par le documentaire de la chaîne publique allemande ARD, diffusé le 21 juin dernier. Pourtant, plusieurs éléments issus du procès du médecin allemand Mark Schmidt, principal acteur du réseau Aderlass, pointent clairement vers un employé actuel d’Ineos ayant joué un rôle central dans l’organisation logistique de dopage au sein de l’équipe Team Sky en 2012, l’année de la victoire de Bradley Wiggins sur le Tour.

Parmi les preuves citées : des SMS échangés entre la personne concernée et le docteur Schmidt avant et pendant le Tour 2012, notamment concernant l’envoi de “produits utilisés par Milram” ou encore des tests sanguins manipulés. Des échanges datés, précis, faisant allusion à des rencontres dans l’hôtel de l’équipe, à quelques heures de grandes étapes.


Le mutisme d’Ineos

Interrogée à plusieurs reprises depuis la diffusion du reportage, la direction d’Ineos a refusé de commenter. Un communiqué publié jeudi dernier reste à ce jour leur seule réponse officielle :

“Ineos Grenadiers est au courant des allégations médiatiques récentes concernant la saison 2012 et un membre de son personnel. Bien qu’aucune autorité compétente ne nous ait contactés à ce sujet, nous avons officiellement demandé à l’Agence internationale de contrôle (ITA) toute information jugée pertinente. L’équipe réaffirme sa politique de tolérance zéro concernant toute infraction aux codes de l’AMA, actuelle ou passée.”

Mais les journalistes présents sur le Tour n’en démordent pas, surtout après la conférence de presse expéditive de Thymen Arensman, samedi soir. Vainqueur de l’étape, le Néerlandais s’est retrouvé contraint de répondre à des questions gênantes sur le scandale, faute de prise de parole de sa direction.

“C’est bizarre que la direction ne réponde pas”, a-t-il lâché. “Je n’ai aucune idée de tout ça. Posez la question aux dirigeants, je suis ici pour faire mon boulot.”

Son malaise était palpable, d’autant plus que l’attaché de presse d’Ineos avait au préalable tenté d’empêcher les questions liées à l’affaire.


Une direction inébranlable

Dimanche matin à Muret, le directeur sportif Zak Dempster a botté en touche face aux caméras :

“Je n’ai rien d’autre à ajouter. Reportez-vous au communiqué et à notre attaché de presse.”

Dempster a toutefois reconnu qu’il était injuste qu’Arensman doive faire face à ces questions, alors que la responsabilité incombe à la direction. Mais là encore, aucun commentaire sur le fond de l’affaire.


Un lourd héritage

Si aucune preuve ne met en cause directement Wiggins ou d'autres coureurs de l'époque, cette affaire ravive les soupçons persistants autour des années glorieuses de Sky/Ineos. Après les révélations des Fancy Bears en 2016 sur l’usage de corticostéroïdes par Wiggins, ou les liens de l’équipe avec Geert Leinders, ex-médecin de Rabobank impliqué dans les scandales USADA, le passé trouble de l’équipe ressurgit.

À mesure que le Tour progresse, les questions s’accumulent. Le silence d’Ineos, lui, reste assourdissant.

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