C’est une image devenue familière pour les passionnés de cyclisme : le camping-car de Pro Cycling Stats (PCS), garé en bord de route sur le Tour de France, offrant un café aux journalistes, aux coureurs, voire aux membres de l’organisation. Un îlot de convivialité au cœur de la plus grande course du monde. Mais en 2025, la quiétude du fourgon orange s’est vue brutalement perturbée par des tensions avec l’ASO, organisateur du Tour.
⚖️ Une présence jugée "trop visible"
Dans un communiqué publié à la veille du Grand Départ, PCS a révélé avoir reçu des menaces d’action en justice de la part d’ASO. Motif : le branding du camping-car, perçu comme une forme d’exploitation non autorisée de l’image du Tour.
« ASO nous a plus ou moins obligés à cacher toute notre identité visuelle pendant chaque étape, de la caravane publicitaire à la voiture-balai. Nous sommes devenus invisibles », a écrit PCS.
Cette décision découle d’un e-mail envoyé en juin à Stephan van der Zwan, PDG de PCS, dans lequel ASO rappelle qu’elle est « propriétaire exclusive des droits d’exploitation des événements cyclistes qu’elle organise » – du Tour de France à Paris-Roubaix, en passant par la Vuelta.
Selon nos sources, PCS serait coupable de « surfer sur la notoriété d’événements ASO sans accréditation média », en exposant ostensiblement son logo dans des zones stratégiques.
“Nous sommes toujours là, plus discrets, mais présents”
Face à cette pression, un compromis a été trouvé lors d’une réunion qualifiée de tendue. Van der Zwan raconte :
« J’ai ouvert la réunion et me suis retrouvé face à cinq personnes, dont leur plus haut responsable juridique. Ils ne voulaient qu’une chose : me dire 'on ne veut plus de vous ici'. »
Au final, PCS a pu rester… à condition de retirer son logo. Résultat : le campervan est toujours là, tapi dans l’anonymat, mais l’esprit reste le même.
« Si vous nous voyez, venez nous saluer. Que vous soyez fan, journaliste, directeur sportif, ou même membre d’ASO, il y aura toujours une tasse de café qui vous attend. »
Van der Zwan a même tourné la situation en dérision, jouant avec l’absurdité de la censure, tout en restant fidèle à la mission initiale : partager la passion du cyclisme, gratuitement et humainement.
Une affaire révélatrice d’un climat de plus en plus verrouillé
L’affaire soulève une question plus large : la place des médias indépendants dans les grands événements sportifs. Alors que PCS est un outil plébiscité par les fans, les équipes et les journalistes pour ses données ultra-précises, son traitement sur le Tour de France révèle une tension entre ouverture communautaire et logique commerciale.
La passion ne suffirait-elle plus à justifier une place au bord de la route ?
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