Le président de l’Union Cycliste Internationale, David Lappartient, a adressé un avertissement ferme aux équipes et organisateurs impliqués dans le projet One Cycling. Dans une lettre il rappelle que tout contournement des règles de l’UCI pourrait entraîner le retrait de licences WorldTour et de l’enregistrement de courses.
Depuis plusieurs mois, le projet One Cycling ambitionne de restructurer le cyclisme professionnel masculin et féminin à travers une série de réformes profondes, notamment la création d’un nouveau calendrier de courses et d’une structure commerciale conjointe regroupant équipes, organisateurs et investisseurs privés. Au cœur du financement, un investissement massif de 250 millions d’euros prévu par le fonds saoudien SURJ Sports Investment, adossé au Fonds souverain saoudien (PIF).
Une menace pour l’unité du cyclisme mondial ?
David Lappartient, sans s’être exprimé publiquement avec virulence jusqu’à présent, mène depuis des mois une stratégie de défense de la gouvernance centrale du cyclisme par l’UCI. Dans sa lettre envoyée début juillet, il met en cause la transparence du projet One Cycling et surtout ses implications structurelles.
Selon le président de l’UCI, la création d’une joint-venture entre équipes, organisateurs et investisseurs permettrait à un groupe restreint d’acteurs de redessiner la hiérarchie des compétitions, en décidant unilatéralement des courses intégrées à leur propre calendrier – nommé « OneCycling Series » – au détriment du WorldTour actuel.
« Cela revient à prendre le contrôle de l’organisation du calendrier mondial, en imposant des conditions aux autres acteurs du cyclisme, ce qui pose des problèmes tant sportifs que concurrentiels », écrit Lappartient.
Il évoque également un risque de conflit d’intérêts, certains acteurs du projet pouvant contraindre d'autres équipes ou organisateurs à s’aligner sur leurs conditions pour rester compétitifs ou visibles.
Un manque de transparence pointé du doigt
Le président de l’UCI souligne que les promoteurs du projet One Cycling n’ont jamais fourni de détails complets et accessibles sur leur modèle économique ou leur plan d’action. Selon plusieurs sources, One Cycling n’aurait accepté de discuter avec certains partenaires qu’à condition de signer un accord de confidentialité très strict, empêchant la circulation d’informations auprès des institutions officielles.
La situation s’est encore tendue en juin, lorsque l’UCI a officiellement refusé la demande de One Cycling d’enregistrer de nouvelles courses WorldTour dès 2026, portant un coup dur à la viabilité du projet.
Peu après, One Cycling a annulé une présentation attendue devant le Conseil du cyclisme professionnel de l’UCI, comprenant qu’aucune validation institutionnelle ne serait accordée.
L’UCI durcit le ton
Dans cette lettre, Lappartient avertit sans détour les équipes et organisateurs : toute poursuite du projet sans l’aval officiel de l’UCI pourrait entraîner des sanctions très lourdes.
« Le Comité Directeur de l’UCI considère que le projet One Cycling et la joint-venture envisagée ne sont pas autorisés, et que les liens qu’ils impliquent sont interdits par la réglementation actuelle », précise-t-il.
Il poursuit en mettant les parties « sous surveillance », avec des menaces de retrait de licence pour les équipes WorldTour et de radiation du calendrier UCI WorldTour et UCI Women’s WorldTour pour les épreuves concernées.
Vers une confrontation ouverte ?
Si des discussions ont bien eu lieu ces derniers mois entre les promoteurs de One Cycling et des représentants de l’UCI, la rupture semble désormais consommée. Certains dirigeants d’équipes reconnaissent en privé que le projet est désormais en péril.
De son côté, David Lappartient aurait envisagé de s’adresser directement au Prince héritier d’Arabie Saoudite, contournant ainsi les intermédiaires du fonds SURJ.
L’UCI, par la voix de ses porte-paroles, maintient sa ligne : rien ne peut ni ne pourra se faire sans l’approbation de l’ensemble de la communauté cycliste et de son instance dirigeante.
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