Pour certains la journée de repos est un simple moment de récupération après dix étapes harassantes ; pour d’autres, une occasion de clarifier les ambitions. C’est le cas de Kévin Vauquelin, 24 ans, leader d’Arkéa–B&B Hotels, et véritable révélation française de cette Grande Boucle 2025.
“Je préfère être 11e avec une victoire que 8e en ayant juste suivi”
Lucide et ambitieux, Vauquelin n’a pas caché ses intentions : viser une victoire d’étape, même si cela implique de sortir du top 10 du classement général. « Je préfère être 11e après avoir gagné une étape en échappée que 8e sans avoir tenté quoi que ce soit », a-t-il déclaré franchement.
Et pour cause, l’objectif initial n’était pas de jouer le classement général : « On était venus pour des victoires d’étapes, on s’était préparés pour ça avec l’équipe. Le fait de me retrouver bien placé au général est venu un peu par surprise, en courant à l’avant. C’est une belle surprise, mais ce n’est pas l’objectif de base. C’est un bonus. »
“Je vais courir pour gagner une étape… mais on verra comment ça évolue”
Son approche stratégique est claire : rester opportuniste, sans brider ses envies d’attaque.
« Le parcours devient difficile, il y a une arrivée au sommet, un contre-la-montre en côte… Tout peut bouger très vite. Peut-être qu’un jour je passerai à côté, et alors je pourrai viser les échappées. »
Mais tant qu’il est proche des meilleurs, la donne est différente. « Aujourd’hui, je suis encore trop bien placé au général pour avoir de la liberté. Lundi (étape 10), j’étais 3e, donc j’ai dû me battre jusqu’au bout. Si j’avais été 15e, je n’aurais sans doute pas fait le même effort. »
Une manière de dire que la position au général influence directement la manière de courir. Trop proche des favoris, il est surveillé. Trop loin, il retrouve de l’espace pour tenter.
Un rôle de leader pleinement assumé
Être leader chez Arkéa–B&B Hotels lui donne également un certain poids :
« C’est une place qui te pousse à te dépasser. Tu ne peux pas te permettre de relâcher, tu dois donner l’exemple. C’est aussi ce qui me tire vers le haut. » Une posture qu’il assume avec humilité et exigence.
L’héritier d’une longue attente tricolore ?
Si la France n’a plus connu de vainqueur final sur le Tour depuis Bernard Hinault en 1985, Vauquelin refuse pour autant de se laisser enfermer dans un discours nationaliste. Mais il admet que porter ces espoirs donne « un supplément d’âme » sur les routes hexagonales.
S’il continue à impressionner par son panache, Kévin Vauquelin pourrait bien incarner cette nouvelle génération française, faite de tempérament, d’audace et de lucidité tactique.
La suite du Tour s’annonce décisive. Avec de grosses étapes montagneuses et un chrono en côte à venir, Vauquelin devra choisir son camp : jouer placé ou jouer libre. Mais une chose est sûre, la France a trouvé un coureur qui ne veut pas juste accompagner le Tour. Il veut le marquer.
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