Au Tour de France, il n’y a pas de place pour l’improvisation. Chaque coup de pédale est calculé, chaque gramme compte. Et, de plus en plus, la différence ne se joue plus seulement dans les jambes… mais aussi en cuisine.
Lors de la journée de repos, l’équipe Cofidis a mis en lumière l’un de ses piliers les plus discrets mais essentiels : la nutrition. C’est avec Emen4Sport, l’entreprise qui gère l’alimentation de l’équipe depuis mars, que le staff a profité de cette pause pour renforcer leur partenariat technique.
Le nutritionniste de Cofidis a expliqué comment les coureurs s’alimentent pendant le Tour.
Le Tour est une véritable machine à broyer. Chaque coureur doit consommer entre 4 000 et 8 000 calories par jour, selon le profil de l’étape, l’effort fourni et le rôle joué dans l’équipe.
« Sur une étape plate, la dépense est moindre si le coureur reste dans le peloton, mais si une échappée se forme ou s’il s’agit d’une étape de montagne, les chiffres explosent », explique Marco Alcalde, nutritionniste de Cofidis. Il est l’une des pièces clés de ce travail de l’ombre.
Une cuisine scientifique sur roues
Le travail commence bien avant la course. Alcalde collabore étroitement avec le cuisinier de l’équipe pour concevoir des menus équilibrés, adaptés à chaque étape et à chaque profil de coureur. Il gère aussi toute la supplémentation alimentaire :
« On s’assure que les produits donnés aux coureurs sont adaptés, non seulement pour la performance, mais aussi pour la digestion, le goût et les habitudes de chacun. »
Dans un peloton, chacun a ses spécificités. Et donc ses manies, préférences et besoins.
« Huit coureurs, huit avis », plaisante le nutritionniste.
Mais s’adapter à tous est aussi l’une des clés du succès :
« Certains ont de très bonnes habitudes depuis des années. Il faut trouver le bon équilibre entre ce dont ils ont besoin et ce qu’ils demandent. Parfois, un petit ajustement suffit pour qu’un athlète se sente à l’aise et donne le meilleur de lui-même. »
Ion Izagirre, l’un des vétérans du peloton, témoigne lui aussi :
« C’est vrai qu’aujourd’hui, nous devons faire très attention à tout. Quand j’ai commencé, ce n’était pas aussi strict : on ne pesait pas tout, on n’utilisait pas d’applis. Mais tout évolue, il faut s’adapter. »
Plaisirs sucrés, petits extras… et rigueur
Tout n’est pas que rigueur et restriction. Après les journées les plus éprouvantes, les coureurs ont droit à des petits plaisirs contrôlés :
« Après des étapes très dures, on ajoute souvent un dessert plus calorique. Ce n’est pas une récompense, mais une nécessité pour compenser les dépenses énergétiques énormes », explique Alcalde.
« Il faut de la flexibilité, car le corps en a besoin… et la tête aussi. »
Les journées de repos, comme ce mardi, posent un autre défi : la dépense énergétique chute, mais le corps reste en alerte.
« Après 7 à 10 jours d’effort intense, il faut tout réorganiser. Ce n’est pas juste manger moins : il faut penser à quoi, quand et comment manger. »
Bingen Fernández, l’un des responsables espagnols de Cofidis, ajoute avec humour :
« Quand j’étais coureur, je faisais attention à ça, mais parfois, j’avais un coup de mou et je mangeais une boîte entière de céréales… ça, ça ne se fait plus ! »
Un modèle ambitieux
Le partenariat avec Emen4Sport ne se limite pas au Tour. L’accord prévoit leur présence lors des stages, des entraînements et sur d’autres grandes courses. Une visite de l’équipe technique aux installations d’Emen4Sport à Bilbao est déjà prévue lors de la prochaine édition de La Vuelta.
Cédric Vasseur, directeur général de Cofidis, résume :
« Dans le cyclisme pro, les petits détails font la différence. Avoir un modèle nutritionnel rigoureux, adapté à chaque coureur, ce n’est pas un luxe : c’est une nécessité. »
Pour Ander Romarate, directeur technique d’Emen4Sport :
« Ce partenariat n’est pas qu’un soutien logistique. C’est une intégration totale à la structure de l’équipe. Nous voulons apporter une approche scientifique sans négliger le lien humain. Nous accompagnons les coureurs dans tous les aspects qui influencent leur performance, pas uniquement dans ce qu’ils ont dans l’assiette. »
Au-delà des watts
À une époque où chaque watt est mesuré, la nutrition est devenue une arme stratégique du cyclisme moderne.
Les équipes ne se contentent plus de distribuer du riz et des pâtes : elles contrôlent les macronutriments, les temps de digestion, le glycogène, les micronutriments, et tout ce qui permet au coureur de rester performant et protégé.
Alcalde le rappelle :
« La clé, c’est de ne pas improviser. Il faut planifier, anticiper, et pouvoir s’adapter. Chaque jour est différent. Si un coureur mange mal un jour, il le paiera le lendemain. »
Dans ce Tour de France, Cofidis ne veut rien laisser au hasard. En attendant une victoire d’étape, l’équipe continue de construire de l’intérieur. Car dans cette course, ce qui ne se voit pas compte tout autant.
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